La réunion annuelle des directeurs nationaux de Missio – Œuvres Pontificales Missionnaires (OPM) – dans les pays d’Europe qui se tenait à Budapest du 5 au 9 février 2024 vient d’être clôturée. Présente dans 140 pays – dont vingt-quatre d'Europe – Missio est une organisation de l’Église catholique, appartenant au réseau mondial des Œuvres Pontificales Missionnaires, qui a pour but de soutenir l’Église dans sa mission, sous l'égide du Dicastère pour l'Évangélisation. Les directeurs nationaux de Missio en Europe, se réunissent chaque année dans un pays européen pour « partager leurs expériences, et revenir à la source de leur engagement missionnaire », a déclaré le père Antony Chantry, directeur national des OPM d’Angleterre-Pays de Galles et coordinateur continental pour l'Europe dans son allocution d’ouverture. Missio Belgique était représenté par le directeur national, le père Théogène Havugimana.

à gauche : P. Antony Chantry, à droite : P. Théogène Havugimana

Mgr Michael W. Banach, Nonce apostolique de Hongrie, Mgr András Veres, évêque de Gy?r, président de la Conférence des évêques catholiques de Hongrie, Mgr László Kiss-Rigó, évêque de Szeged et évêque référendaire de l’activité missionnaire au sein de la Conférence épiscopale, ainsi que Mgr Emilio Nappa, président des Œuvres Pontificales Missionnaires ont introduit cette assemblée. Les Secrétaires généraux de l'Œuvre Pontificale de la Propagation de la Foi (POPF) et de l'Union Pontificale Missionnaire (PUM) étaient aussi présents.

Budapest est « la ville des ponts, des saints et de l'histoire. » ainsi commença Mgr Michael W. Banach qui souligne citer les mots du pape François, lors de sa dernière visite au siège du gouvernement hongrois en 2023.
Mgr Michael W. Banach, Nonce apostolique de Hongrie

Pour le nonce ces trois termes définissent le travail missionnaire et la vocation fondamentale de Missio. Comme « les ponts relient des côtés opposés et sont destinés à faire passer les gens d'un endroit à l'autre », Missio a pour mission de construire des ponts d’unité et de solidarité spirituelle et matérielle entre les Églises du monde entier, transformer la tristesse des pauvres et des marginaux en histoire de joie comme l’a fait sainte Élisabeth de Hongrie, grande protectrice des pauvres.
Tous les baptisés ont ainsi une mission de rendre témoignage au Dieu-Amour. « Si nous montrons dans le travail missionnaire que le Christ est le vrai pont, alors la Bonne Nouvelle atteindra vraiment tous les peuples » a déclaré Mgr Michael W. Banach. Et de poursuivre, qu’il n'y a peut-être jamais eu autant besoin qu'aujourd'hui d'établir des relations et des ponts entre tous les enfants de Dieu.

Mgr András Veres, président de la Conférence des évêques de Hongrie.

Le commandement de Jésus d’aller dans le « monde entier » est toujours valable aujourd'hui, et puisque la mission fait partie de la nature de l'Église, il faut saisir toutes les nouvelles opportunités qui se présentent pour soutenir la cause de la mission, a souligné Mgr András Veres, président de la Conférence des évêques de Hongrie.
À toutes les époques, le service missionnaire a connu des dangers. Il en va de même aujourd'hui. Dans certains pays les chrétiens sont encore persécutés. « Dieu merci, il y a encore aujourd'hui des missionnaires prêts à assumer ce service, malgré les circonstances souvent dangereuses » assume Mgr András. Ce que saint Jean-Paul II a écrit dans sa première exhortation apostolique Ecclesia in Europa (L'Église en Europe) s'avère être toujours vrai. « À une époque comme la nôtre où la culture a tendance à repousser la religion dans la sphère privée. Nous devons prêcher l'Évangile et trouver de nouvelles formes et pratiques missionnaires susceptibles d'éveiller chez les gens le désir de Dieu, toujours vivant mais inconscient. »
En citant l'exhortation apostolique du pape François au début de son Evangelii gaudium (La joie de l'Évangile), Emilio Nappa, président des OPM, a montré deux points de départ pour penser la mission: la sortie de l’Église vers les périphéries et le dialogue.
Le processus de sécularisation en Europe qui a repoussé la foi dans la sphère privée et qui encourage le relativisme et l’indifférence sur toutes ses formes nous invitent à repenser le rôle de Missio dans notre contexte.


Mgr Emilio Nappa, président des OPM

Mgr Nappa a souligné que les Œuvres pontificales missionnaires (l’Œuvre de la Propagation de la foi, l’Œuvre de Saint Pierre Apôtre, l’Œuvre de la Sainte Enfance et l'Union Missionnaire) ne sont pas simplement des Organisations non gouvernementales (ONG) ou des institutions qui distribuent des fonds aux nécessiteux. Elles sont surtout des institutions de solidarité et d'entraide ayant leur point de départ dans l’Évangile. Selon lui, la mission des OPM est d'être les promoteurs de l’activité missionnaire de l'Église universelle et des Églises locales, et de « stimuler l'esprit missionnaire chez tous les baptisés ». Le renforcement des relations entre les Églises est important car aucune Église ne se suffit à elle seule. D’un côté les pays nouvellement évangélisés ont besoin de soutien pour la formation, le renforcement des institutions, etc. D’un autre côté, les pays ayant une longue tradition chrétienne, ont besoin d’une nouvelle évangélisation et une conversion pastorale. Le rêve d'une « nouvelle ère d'activité missionnaire des Églises chrétiennes », selon les termes du pape François, reste actuel.

Mgr László Kiss-Rigó, évêque canadien de Szeged, et évêque référendaire de l’activité missionnaire de l'Église catholique Hongroise

En revenant sur le discours d'András Veres décrivant la situation sociale hongroise après le communisme et les changements intervenus au cours des dernières décennies Mgr László Kiss-Rigó, évêque canadien de Szeged, et évêque référendaire de l’activité missionnaire de l'Église catholique Hongroise, a souligné la nécessité d'une ré-évangélisation, car bien que notre société et notre culture aient des racines chrétiennes, de nombreuses personnes n'ont plus de liens réels avec ces racines. « La fraîcheur de l'évangélisation » est une urgence de la mission-a-t-il déclaré. L'Église en Hongrie selon lui, est présente dans de nombreux domaines de la société à travers ses institutions, ce qui est une bonne opportunité, mais aussi un danger si l’on oubli la différence entre la philanthropie ordinaire et le christianisme.
Etaient présents les Pères Tadeusz J. Nowak, OMI, Secrétaire général de l’Œuvre de la Propagation de la foi, et le père Anh Nhue Nguyen OFMConv, Secrétaire général de l'Union missionnaire qui introduit nos discussions.

Tadeusz J. Nowak, OMI, Secrétaire général de l’Œuvre de la Propagation de la foi

En partant de l’identité, le charisme et le rôle des OPM, le Père Nowak a parlé des nouvelles façons de célébrer la Journée mondiale des missions à la lumière de la conception actuelle de la mission, à savoir une mission synodale. Le Père Nowak a invité les directeurs nationaux des pays d’Europe à réfléchir à la manière de mettre en valeur cet événement, non seulement pour célébrer la mission, mais aussi pour atteindre le plus grand nombre de croyants possible.
« Nous sommes au service de l'Église locale. Nous sommes là pour aider l'évêque, le clergé, les religieux et les laïcs de l'Église locale à animer, promouvoir et former un esprit missionnaire plus robuste dans le cœur des fidèles. Il est important qu'un réel désir d'aider l'Église locale dans cette tâche soit exprimé et manifesté : le service pour l'évangélisation », a souligné le père Nowak.

Le Père Anh Nhue Nguyen OFMConv Secrétaire général de l'Union missionnaire

L'impact de la synodalité dans le renouvellement des OMP était au cœur de l'intervention du Père Din Anh Nhue Nguyen OFM Conv, Secrétaire général de l'Union missionnaire. Il a remarqué que: « La synodalité est le mode de vie et le travail spécifique de l'Église, peuple de Dieu, qui révèle et concrétise son être de communion lorsque tous ses membres marchent ensemble, se réunissent en assemblée et prennent une part active à sa mission évangélisatrice. »

Equipe Missio-Belgique
Photos : Attila Lambert, p. Théogène Havugimana