L'humilité est l'avenir de l'Église
Après plus deux décennies, dont plusieurs années comme président de l'Organe d’administration de Missio-Belgique, Pierre Van den Bossche a passé le flambeau à Toon Osaer le 13 juin 2024. Nous avons demandé à Pierre quel regard il portait sur cette période et comment il allait désormais occuper son temps libre.
Comment avez-vous atterri à Missio ?
Comme c'est souvent le cas pour les Organes d'administration, j’ai été sollicité. Une de mes lointaines cousines, qui travaillait à Missio dans les années 1970, connaissait Jan Dumon, alors directeur de Missio-Belgique ; et lorsque celui-ci lui a demandé si elle ne connaissait pas un juriste qui pourrait l'aider à gérer les dossiers legs, elle lui a donné mon nom. Et c'est ainsi que les choses se sont passées. Dès la première conversation, le courant est passé entre Jan et moi. En outre, qui pourrait résister au regard charismatique de Jan ? Et en plus, cette tâche était bien dans mes cordes. Une cinquantaine de dossiers m’attendaient, ce qui n'était pas rien. C'est ainsi qu'a commencé mon engagement à Missio.
Et cela ne s'est pas arrêté à cette seule demande. On a également sollicité mon aide pour réécrire les statuts de l'asbl Missio - Œuvres Pontificales Missionnaires. Et puis, en 2004, j’ai été invité à devenir membre du Conseil d'administration. À l'époque, Herman Cosijns en était le président. Quelques autres présidents ont suivi, notamment Jean De Wulf et Yvan Hertsens.
Et vous y êtes resté pendant une longue période. Comment Missio a-t-elle évolué au cours de toutes ces années ?
J'ai effectivement vu le fonctionnement de Missio évoluer. À l'époque, il y avait une grande équipe de collaborateurs, ce qui rendait le travail de coordination peu aisé, même pour Jan Dumon. Le poste de directeur adjoint a été créé, et Jan a donc reçu un bras droit en la personne de Kenny Frederickx. Kenny était un collaborateur compétent mais assez jeune, ce qui rendait sa tâche un peu délicate, surtout avec « la vieille garde »..
En 2005, Jan Dumon a été nommé Secrétaire général de l'Œuvre pontificale de Saint-Pierre Apôtre à Rome et a donc quitté Missio. Rik Hoet lui a succédé et m'a demandé de devenir président, ce que j'ai accepté. Un remaniement était déjà dans l’air à l’époque, mais il n'a pas été mis en œuvre. Peut-être les esprits n'étaient-ils pas encore assez mûrs. La période florissante de l’Église catholique romaine, dans nos sociétés, était révolue, et nous devions désormais affronter les défis de l’Évangélisation dans un contexte sécularisé. Missio a tenu bon grâce à ses solides fondations. Mais elle a été assez lente à répondre aux besoins du moment et à l'évolution du paysage ecclésial. Les rentrées diminuaient mais les effectifs demeuraient trop élevés.
Après Rik Hoet, Michel Coppin est devenu directeur en 2009 et je suis resté président. Michel a rempli ses deux mandats de cinq ans, et même un peu plus. La recherche d'un successeur n'a pas été de tout repos . Michel a quitté l'organisation en 2020, laissant Missio quelque peu orpheline, sans perspective de nouveau directeur national. On comprend alors le vide dans lequel se trouvait notre Organisation. Des décisions importantes devaient être prises : licencier du personnel, redéfinir les objectifs, réorganiser les responsabilités, réduire les coûts, etc. Nous savions que ce serait douloureux, mais nous n'avions vraiment pas d'autre choix. À l'époque, en tant que président, j'avais pour tâche d’assurer la gestion quotidienne de la petite équipe d'environ cinq employés.
Finalement, le vent a tourné. Une nouvelle ère s'est ouverte. Une restructuration a été effectuée. Ensuite, après une longue période de recherche, nous avons appris de notre évêque-référent, Mgr Koen Vanhoutte, dont nous avons d'ailleurs reçu beaucoup de compréhension et d'aide pendant cette période difficile, que Rome avait nommé Théogène Havugimana, prêtre rwandais ayant des responsabilités paroissiales à Haacht, au poste de directeur national. Entre-temps, l’Organe d'administration s'est également enrichi de quelques membres compétents, de sorte que le moment est venu pour moi de clore ce chapitre. Mon compteur marque maintenant 82, et comme le dit l'Ecclésiaste, "Chaque chose a son temps...".
Comment voyez-vous Missio aujourd’hui ?
Enfant, j'ai grandi avec les célébrations joyeuses et folkloriques des missions, lorsqu'un missionnaire venait en vacances après une longue période dans les pays de mission. L'époque où la Flandre envoyait massivement ses fils en mission est révolue depuis longtemps, mais elle m'a donné un aperçu de l'Église universelle que je reconnais à Missio. L’Église belge n’est pas isolée. Avec toutes nos Églises-sœurs à travers le monde, nous examinons tous les besoins, tant spirituels que matériels de l'Église universelle. Missio est en ce sens plus qu’une Organisation Non Gouvernementale (ONG), c’est vraiment une famille universelle dans laquelle nous nous soucions mutuellement les uns des autres, tant sur le plan spirituel que matériel. Pour moi, la dimension spirituelle a toujours été une motivation importante pour mon engagement au sein de Missio.
Faire partie de la "grande Église" signifie que nous partageons également les coups quelle reçoit . La solidarité universelle "Nous avons besoin les uns des autres" nous fait avancer au quotidien. Le plus grand défi pour l'Église reste de propager le message de l'Évangile avec conviction et joie, et surtout avec humilité. Nous ne devons pas nécessairement convaincre, mais nous devons être convaincus des valeurs que nous défendons et que nous diffusons.
Missio est une organisation pontificale. Quelles sont, selon vous, les possibilités que lui offre ce statut ?
La nature pontificale de l'Organisation est certainement un atout à cet égard. Même si l'Église est attaquée et que nous encaissons les coups, elle continuera à exister et nous pouvons compter sur un réseau mondial qui continue à répandre la Bonne Nouvelle. » Ce que vous avez fait au plus petit d'entre eux…. » , c’est un passage de Matthieu,25 que nous connaissons tous . Mais pour moi, l'inverse est également important : "Ce que vous n'avez pas fait au plus petit d'entre eux, ..." Toujours un défi ! Nous ne devrions jamais oublier les plus démunis et agir en conséquence.
La campagne précédente "Partage ta joie" le résume bien à mes yeux. En tant qu'Église, nous devons être un signe pour le monde qui a besoin de joie, à la fois de joie spirituelle et de joie provenant de la solidarité matérielle. Si nous ne montrons pas, ne répandons pas et ne proclamons pas cette joie, nous ne parviendrons pas à faire résonner la Bonne Nouvelle dans tous les coins de la planète. Et nous pouvons le faire précisément parce que nous sommes une organisation pontificale, formant un réseau mondial pour essayer de faire en sorte que cela se produise. Dans Luc 17.10, l'évangéliste dit : "Nous sommes des serviteurs inutiles, nous n'avons fait que notre devoir". Pour moi, il s'agit de l'attitude que nous devons adopter : rester humbles et accomplir notre devoir de chrétiens dans le monde. Ce n'est pas inutile ; après tout, aux yeux de Dieu rien n'est inutile, mais nous ne le faisons pas pour notre prestige. Si nous visons toujours la satisfaction des besoins les plus cruciaux autour de nous et à travers le monde, nous faisons certainement bouger les choses. J'espère que le rêve de Missio se poursuivra, que le chemin de Jésus continuera à être la direction à suivre.
Comment envisagez-vous l'avenir de Missio-Belgique ?
Si Missio continue à suivre le chemin de Jésus, l'avenir est assuré. Et c'est avec confiance que je passe le flambeau à mon ami Toon Osaer et au nouvel Organe d'administration. Je souhaite donc à Toon et à son équipe beaucoup de courage, d'engagement et d'enthousiasme, et je suis convaincu qu'il est la personne tout indiquée pour poursuivre cette voie. À cette fin, il dispose des connaissances et de l'expérience nécessaires, de chaleur humaine et sagesse. Tel un pater familias, il prendra l'Organisation par la main . Tout est en place pour un bel avenir.
Vous avez désormais beaucoup de temps de libre. Comment comptez-vous l'utiliser ?
Il y a des années, j'ai suivi une formation pour présider des services de la liturgie funéraire. Ce bagage me permet de donner régulièrement un coup de main au crématoire et occasionnellement - quand on me le demande - aussi aux funérailles dans ma paroisse. Même dans des circonstances difficiles, partager la joie de l'Évangile est important pour moi. Chaque occasion de funérailles me donne le sentiment d'un moment significatif passé avec des personnes qui sont dans la peine . Dans cet esprit, j'espère pouvoir être utile encore longtemps.
En ce qui concerne les dossiers en cours, c’est avec plaisir que j’en assurerai le bon déroulement.
Merci Pierre, pour ces années d'engagement et ce beau témoignage.
Tom Heylen, Missio-Belgique