Homélie lors de la messe télévisée du dimanche 13 octobre 2024 à Grimbergen
La parabole des noces que nous venons d'entendre dans l'Évangile nous confronte à la dure réalité de notre vie ecclésiale quotidienne, en tant que chrétiens. Un roi organise un festin pour le mariage de son fils - son successeur sur le trône - mais aucun des invités, aucun des amis les plus proches et de la famille, aucun des dignitaires ne se présente.
Le roi est déçu et dit à ses serviteurs : maintenant, faites de ma fête une fête pour tout le monde. Les personnes que j'avais invitées ne sont plus dignes d’êtres reçues. Allez donc sur les routes et aux carrefours les plus fréquentés et invitez tout le monde. Car la vraie joie est celle qui est partagée et vécue par tous. Voilà ce qu'est « l'esprit de sagesse » , que nous avons entendue dans la deuxième lecture : n'exclure personne de la joie de l'Évangile, cette parole de Dieu, vivante et vivifiante.
« Allez et invitez tout le monde à la noce ! ». C'est également le thème que le pape François a choisi pour le mois de la mission universelle de l'Église cette année.
Ce roi aurait pu en décider autrement. Mais il a audacieusement opté pour l'ouverture. Cette ouverture nous invite à repenser notre christianisme et notre appartenance à l'Église, et à les rendre missionnaires.
Ce choix d'ouverture nous montre bien ce qu'est notre mission de chrétiens aujourd’hui : partager la joie de l'Évangile avec tous, quels qu'ils soient. Il en va de même pour Dieu, dont le roi est l'image dans cette parabole. Dieu veut partager sa joie et sa paix, sa sagesse, avec tous. Il veut rendre chacun vraiment heureux. Peu importe qui vous êtes, ce que vous avez vécu, quelles que soient vos joies et vos peines.
Malheureusement, certains d'entre nous ne veulent pas répondre à l'invitation de Dieu. Peut-être avons-nous de nombreuses raisons de rejeter son invitation : peut-être nos activités quotidiennes et nos loisirs nous empêchent-ils de donner une réponse positive à Dieu. Si c'est le cas, cette parabole raisonne comme un appel au réveil qui nous met en route !
Jésus compare le Royaume de Dieu à une telle fête où tout le monde est le bienvenu. Un festin pour tous. Une fête à laquelle nous nous sentons tous frères et sœurs. C'est un lieu où le pain est rompu et partagé, et où nous partageons et supportons tous ensemble les joies et les peines.
Malheureusement, nous avons tous de nombreuses raisons et distractions qui nous empêchent régulièrement d'entendre Dieu frapper à la porte de notre cœur. Souvent en effet, nous sommes occupés par tant d'autres choses que nous perdons de vue l'invitation de Dieu.
Peut-être cette invitation se présente-t-elle sous la forme d'un désir ou d'un appel particulier ou personnel, mais qui vous semble très difficile à accepter ou trop nouveau pour l'instant.
Peut-être que Dieu vous parle à travers le sourire de ce bébé que vous portez dans vos bras ! Peut-être qu'en étant autorisé à tenir dans vos bras cette petite créature sans défense et en voyant comment elle réagit à votre amour chaleureux en tant que mère ou père, ou en tant que grand-père ou grand-mère, vous pensez à tant de personnes qui s'occupent de personnes sans défense.
Peut-être Dieu vous parle-t-il à travers les cris des innombrables enfants et jeunes gens qui, abandonnés aux carrefours animés de notre monde, nous regardent d'un œil interrogateur en quête d'un avenir meilleur et humain.
Peut-être Dieu vous parle-t-il à travers l'évangile d'aujourd'hui, en vous disant : allez sur les routes du monde, de votre ville, de votre village ou quartier, et proclamez que la paix est possible, même dans un monde déchiré par les guerres et les conflits.
Peut-être l'invitation de Dieu se présente-t-elle sous la forme de personnes qui, oubliées en marge de notre société, implorent instamment notre aide.
Une chose est sûre : Dieu vous invite à vous joindre à Lui et à de nombreuses personnes autour de vous pour célébrer les joies profondes de la vie quotidienne.
Alors, cher.ère ami.e, qui que tu sois et où que tu sois, Dieu t'invite. Tout ce que nous avons à faire, c'est d'ouvrir nos cœurs, nos yeux et nos oreilles pour recevoir son invitation et participer à son festin auquel tous sont conviés et auquel nous sommes à notre tour appelés à inviter les autres par nos paroles et nos actes. Oui, la mission « pour » tous exige l'engagement « de » tous.
Un grand merci à toutes celles et tous ceux qui, dans les paroisses et les unités pastorales, dans les hôpitaux et les maisons de repos, dans les écoles et les centres d'hébergement, etc. s'engagent à faire de ce rêve missionnaire une réalité, pour tous.
P. Théogène Havugimana
Directeur de Missio Belgique